Postmémoires

Post-mémoires est un projet d’autoportrait littéraire et plastique. Les post-mémoires sont des souvenirs condensés en micro-récit, inscrits sur un post-it, qui se déposent sur une surface esquissant mon visage.

Ce projet, né en 2011 avec la rédaction de 120 feuillets portant sur mon enfance, est accessible au travers d’applications web et d’une galerie Facebook. Il a de plus été montré sous forme d’installation interactive et a fait l’objet d’une édition papier. Cet été 2017, commence la 2ème partie du projet avec l’actualisation des interfaces web et la rédaction de nouveaux souvenirs portant sur ma vie de jeune adulte.

L’interface principale est une application qui réunit les post-mémoires dans un espace tridimensionnel où mes souvenirs modèlent mon visage. Par ses mouvements, dans un espace d’exposition ou sur une page web, le visiteur peut survoler cette surface et parcourir ainsi des visions de mon enfance.

À la fois dense et volatile, chaque page est une image qui surgit du passé. Une anecdote, tantôt drôle, tantôt grave, qui explore les curiosités et les failles, une famille et une époque, les couleurs et les odeurs, un monde centré et ouvert. Ainsi, le projet Post-mémoires relève autant de l’entreprise autobiographique que de la recherche d’une forme singulière de langage.


Post-mémoires


Mémoire

Une entreprise autobiographique est un travail de sélection et d’organisation de souvenirs qui vise à recomposer une mémoire dans un sens chronologique afin d’apporter un témoignage personnel ou historique. En ce sens, le projet Post-mémoires ne constitue pas une autobiographie. Certes, mon intimité est ici exposée, mais plus dans une ambition poétique que littéraire. Je cherche moins à raconter ma vie, qu’à rassembler des instantanés évoquant mon enfance. Ainsi, le projet est avant tout une exploration psychique. L’autobiographie, fonctionnant comme un souvenir-écran, cache sans doute un besoin de catharsis. Cette introspection est par définition égocentrique. Mais elle vise à échanger une expérience sensible avec autrui.

Écriture

Les post-mémoires répondent à des contraintes à la fois graphiques et textuels. Ils sont rédigés à l’aide d’un logiciel graphique dans un cadre commun : des carrés de couleurs. Ceux-ci représentent les bouts de papier autoadhésifs, amovibles et réunis en bloc, sur lesquels on note des idées, des messages, des choses à ne pas oublier et que l’on oublie sitôt passées. Objets jetables en série, les post-its illustrent la futilité de nos actions courantes. Ils permettent ici de jouer du contraste entre  l’importance subjective des souvenirs et leur volatilité. Par ailleurs, ce cadre impose de synthétiser les événements en quelques phrases : un titre, une phrase introductive, un « développement » et quelques mots de conclusion. Codifié comme un haïku, direct comme une microfiction, un post-mémoire cible l’essentiel dans la narration. Il doit évoquer en quelques lignes l’impalpable des choses vécues. Derrière la simplicité d’un polaroid, se cache l’impact d’une sentence. La blessure sous la cicatrice. Les post-mémoires sont d’abord rédigés au fil de ma mémoire : les souvenirs sont récoltés au gré de mon inconscient et de ses associations d’idées. Cette phase d’écriture a lieu sur une page web qui alimente et affiche les données stockées sur une base.

Saisie

Les bases de données sous-tendent nos sociétés informatisées. Elles modélisent des aspects pertinents de la réalité pour permettre un accès optimal à certaines informations. Elles offrent ainsi aux utilisateurs une vue de la réalité. En ce sens, une base de données et son système de gestion rappelle le fonctionnement de notre mémoire.
Pendant la phase d’écriture, les post-mémoires sont stockés dans une base de données : le titre, le texte et la couleur sont associés. Parallèlement, mon corps a été scanné en 3D et les coordonnées ont été traitées pour y être également intégrées. Les deux séries de données constituent la matière première de l’autoportrait. Ces aspects techniques sont constitutifs du projet puisque qu’ils permettent la mise en relation et le partage de ces informations. En combinant structure psychique et structure physique, la base de données compose l’ossature du projet. Ces coulisses structurent l’interface par laquelle le visiteur accède aux post-mémoires.

Interfaces

La restitution principale du projet est une application web. Les requêtes passées à la base de données créent une boucle qui produit l’affichage des post-mémoires qui s’assemblent pour projeter le temps dans l’espace et dessiner ainsi mon visage. L’internaute peut alors approcher pour examiner cet objet tridimensionnel. Il découvre ainsi ce que recèle cette surface manuscrite et bigarrée. Il remonte le cours de ma vie en frôlant ma peau de papier.
Cette forme numérique est complétée par d’autres représentations. L’interface d’écriture qui compose un pavage régulier permet une lecture à plat des post-mémoires. Au travers de la galerie facebook, c’est une intimité exposée au delà du partage superficiel. La mise en espace du projet en installations interactives et plastiques confronte un peu plus le sensible et le virtuel. Enfin, la publication en recueil permet d’inscrire le projet dans une matérialité en imprimant ces souvenirs sur un support qui traversent le temps.